10 décembre 2018
Discours prononcé par M. Jean-Michel Hubert, président de la Fondation Afnic pour la Solidarité Numérique à la suite de l’intervention de M. Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’Etat en charge du numérique
Nous sommes aujourd’hui réunis pour la 3ème rencontre annuelle de la Fondation AFNIC.
Trois ans après la création de la Fondation, six ans ans après la convention passée entre l’Etat et l’AFNIC de créer un Fonds de soutien pour le développement de l’internet.
Au nom de l’équipe de la Fondation et des acteurs qui conduisent la centaine d’opérations qu’elle soutient, je vous remercie très sincèrement pour l’honneur que vous nous faîtes, en participant à ces échanges qui vont nous permettre de faire le point sur nos activités, en dialoguant avec les porteurs de projets particulièrement significatifs et en saluant les lauréats des meilleures contributions.
Merci également à Madame Salwa Toko, Présidente du conseil national du numérique, qui a bien voulu accepter notre invitation de partager cet événement.
L’objet même de la Fondation AFNIC pour la Solidarité numérique est bien de contribuer au développement d’un internet solidaire, par la formation et la sensibilisation à ses usages, et par le soutien à des initiatives locales et structurantes de solidarité numérique.
Le mot inclusion n’est pas écrit dans cette définition de notre mandat, mais il est bien présent dans nos travaux : comment favoriser l’inclusion par la solidarité ?
Quelles sont pour ce faire les structures et les moyens de la Fondation ?
Nos structures. C’est d’abord un Comité exécutif de 8 membres dont le Président et le Directeur Général de l’AFNIC que je salue ici. Ses réunions ont principalement pour objet de conduire la préparation, la mise en œuvre et le suivi de notre appel à projets annuel, le cœur même de notre mission.
C’est ensuite le Conseil scientifique d’orientation de 12 membres, installé depuis maintenant près de 18 mois. Son mandat est d’exprimer pour nous-mêmes, pour l’Etat, pour nos partenaires, le point de vue de la communauté de l’internet, de ses responsables et de ses experts. Le processus est engagé, nous avons déjà eu quelques échanges intéressants, mais reconnaissons aujourd’hui qu’il n’a pas encore atteint son plein effet, auquel nous sommes attachés.
Nos moyens. Ils proviennent exclusivement de l’AFNIC, moyens humains mis à notre disposition, notamment notre déléguée générale Isabel Toutaud, et moyens financiers avec le transfert annuel des résultats dégagés par l’exploitation du .fr. Nous en faisons une gestion sérieuse, soucieuse du court et du moyen terme, en affectant en moyenne 1 million d’euros par an au financement des nouveaux projets et, assez souvent, de leur prolongation sur deux ans.
Quelles sont à ce jour, Monsieur le Ministre, les réflexions et questions que nous souhaitons partager avec vous ?
C’est d’abord le total engagement de la Fondation et de tous eux qui participent à son action, pour cette mission, essentielle et complexe, au service de l’inclusion autour de la solidarité. La transformation digitale donne une dimension nouvelle à ces formidables apports de la technologie, elle n’en souligne que davantage l’enjeu de cette question essentielle : qu’en est-il de l’Homme, quel progrès pour la Société ?
Mais c’est aussi notre préoccupation, permanente, de cibler nos choix, de la manière la plus efficace et la plus équitable. Nous la ré-exprimons chaque année au travers du lancement de notre appel à projets, donc de la détermination des thèmes proposés à nos candidats.
En 2016 et 2017, nous avons retenu 5 axes :
- Le renforcement de la cohésion sociale
- La formation pour un internet solidaire
- La transformation des organisations et des lieux
- L’accompagnement des mutations sociales
- La transformation des mécanismes de solidarité
En 2018, nous avons repris ces formulations autour de 3 lignes
- Accompagner les évolutions de notre société (handicap, environnement, sociabilité, participation citoyenne)
- Développer l’accès au numérique au bénéfice de l’insertion sociale ou professionnelle des publics isolés (appropriation des outils et services, actions culturelles, amélioration de la vie quotidienne, précarisation)
- Améliorer l’efficacité des actions (soutenir l’action des professionnels, mises en réseau, nouvelles modalités de collaboration)
Un programme ambitieux,
- Qui intéresse manifestement en faisant réagir les quelques 300 candidats qui déposent en moyenne chaque année une proposition
- Mais qui nous interroge aussi, pour la sensibilité de notre sélection, 35 à 40 nouveaux dossiers par an pour un soutien moyen de 20.000 à 30.000 euros.
Nous ré-évoquons régulièrement ces questions, quant au choix des axes proposés, au ciblage ou à l’ouverture des thématiques retenues.
Il va de soi, Monsieur le Ministre, que nous sommes ce faisant particulièrement attentifs aux orientations, recommandations ou choix de la politique du gouvernement conduite sous votre impulsion. Nous sommes donc ouverts aux remarques ou suggestions que vous souhaiteriez nous communiquer pour pleinement inscrire notre action dans l’effort national.
Cette réflexion est depuis quelques mois enrichie par les premiers résultats des projets lancés en 2016, dont beaucoup parviennent à leur terme
Quelques exemples de réalisations en cours :
- Plate-forme de soutien numérique pour élèves, cours de code et découvertes des métiers
- Application sur tablette pour personnes très dépendantes
- Application d’accompagnement, au travers de la découverte des arts, pour des élèves en difficulté d’apprentissage de la lecture
- Application d’accompagnement des foyers en situation de précarité financière, face à l’anticipation des imprévus
- Modules de formation en ligne adaptés pour des prisonniers
- Dispositifs numériques de création de films d’animation
Nous réfléchissons dès lors à une méthode d’évaluation de l’impact de ces interventions, une fois terminées, sur le territoire et sur le public bénéficiaire. Une évaluation dont les critères seraient établis en amont, jugés en aval, avec la double contribution des instructeurs, mais aussi des porteurs de projets. Mais aussi une évaluation qui, même limitée à quelques dossiers, représentera un travail important, car seule une rencontre sur place permet réellement d’apprécier la dimension, non point tant technique, qu’humaine et sociale de cette relation construite par le projet.
Telle est bien là l’inclusion.
Une dernière question enfin soutient notre réflexion, tant nous sommes conscients de la nécessité de diversifier nos interventions dans le plus grand nombre de territoires, mais également soucieux de ne pas aller jusqu’à une dispersion, ni fonctionnelle ni géographique qui nuirait à la clarté et à l’efficacité de notre programme. Tel est l’enjeu du rayonnement des actions réussies, de la possibilité de favoriser la reproduction ailleurs d’une réalisation particulièrement innovante, solidaire.
Comment transposer au sein du monde associatif avec lequel nous œuvrons, une réelle dynamique, peut-on dire de start-up, au bénéfice de tous ?
C’est un de nos objectifs pour les prochains temps, et nous souhaiterions, Monsieur le Ministre, entendre votre sentiment sur cette approche, si elle est susceptible de recevoir votre soutien et celui de vos services, dont la connaissance du territoire et des multiples intervenants est essentielle.
Pour conclure et en vous remerciant à nouveau de votre présence et de votre attention, je souhaite également remercier et féliciter tous ceux qui sont là aujourd’hui autour de vous, les acteurs des projets, c’est-à-dire tous ceux qui par leur engagement, leur compétence, et plus encore leur dévouement, donnent sa véritable chair à notre action.
Voilà près de 15 ans, j’ai participé en tant qu’ambassadeur pour la France auprès du Sommet mondial pour la Société de l’information, (le mot numérique n’existait pas…) pendant quatre ans, à Genève et à Tunis, avec le concours de Pierre Bonis, aujourd’hui directeur général de l’AFNIC, à cet événement majeur réunissant sous l’égide de l’ONU, les Etats, l’industrie et la Société civile.
Il a produit à tout le moins deux résultats : d’abord le cycle des rencontres de l’IFG, Internet Forum Governance dont le dernier épisode vient de se tenir à Paris ; vous y étiez, Monsieur le Ministre, au côté du Président de la République et vous l’avez clôturé. Mais aussi, comme dans toute grande rencontre internationale, un communiqué dont j’ai retrouvé quelques termes :
« Nous réaffirmons notre volonté et notre engagement pour construire une société de l’information centrée sur l’individu, inclusive et tournée vers le développement, au sein de laquelle chacun puisse créer, accéder, utiliser et partager l’information et la connaissance, permettant aux individus, aux communautés et aux peuples de mettre toutes leurs capacités au service d’un développement durable et d’une amélioration de la qualité de vie ».
Je ne me doutais alors pas, Monsieur le Ministre, que je participais à l’écriture d’un formidable mandat, étonnamment actuel, dans lequel, avec votre soutien, la Fondation AFNIC entend pleinement s’inscrire.